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Retenues collinaires et bassins techniques : Maîtriser les risques et la réglementation

retenue collinaire

Entre la sécurisation des besoins agricoles (irrigation) et la pression réglementaire croissante (Loi sur l'eau), les propriétaires et gestionnaires d'ouvrages doivent naviguer dans un environnement complexe. Un bassin mal entretenu ou mal conçu n'est pas seulement un actif qui se dégrade : c'est une menace pour la sécurité civile et la biodiversité.

Comprendre l'ouvrage : Plus qu'un simple stockage

On les aperçoit souvent le long des autoroutes, près des zones industrielles ou au creux des vallons agricoles. Ces plans d'eau artificiels ne sont pas là pour le paysage : ce sont des outils industriels et sanitaires indispensables.


Pour faire simple : un bassin technique est un "tampon" de sécurité. Il sert à stocker de l'eau (pour l'utiliser plus tard) ou à la retenir (pour éviter qu'elle ne fasse des dégâts).

Voici les 3 fonctions concrètes de ces structures :

La "réserve" (Pour l'agriculture et l'industrie)

C'est la fonction la plus connue, souvent appelée retenue collinaire.

  • Le problème : Il pleut en hiver quand on n'en a pas besoin, et il fait sec en été quand les cultures souffrent.

  • L'utilité du bassin : C'est une immense citerne à ciel ouvert. L'agriculteur capte l'eau de pluie hivernale pour pouvoir arroser son maïs ou abreuver ses vaches en plein mois d'août, sans pomper dans les rivières qui sont déjà à sec.

  • Autre usage : Les usines s'en servent pour stocker de l'eau nécessaire au refroidissement des machines (eau de process).

Le "bouclier" (Contre les inondations et l'incendie)

Ici, le bassin est là pour protéger les biens et les personnes.

  • Contre les inondations (Bassins d'orage) : Lors d'un orage violent, le bitume des villes et des parkings empêche l'eau de s'infiltrer. Sans bassin, l'eau dévale et inonde les maisons en contrebas. Le bassin stocke cette vague brutale et la relâche tout doucement dans la nature une fois la pluie passée.

  • Contre le feu (Réserve Incendie) : Si une usine prend feu, le réseau d'eau de ville n'a pas assez de pression pour les pompiers. Le bassin stocke en permanence des milliers de m³ d'eau prêts à être aspirés par les lances à incendie ou les sprinklers.

Le "filtre" (Pour dépolluer)

C'est le rôle des bassins routiers ou industriels.

  • Le problème : L'eau qui ruisselle sur une autoroute ou une usine chimique est chargée d'huiles, de graisses, de métaux lourds ou de produits toxiques.

  • L'utilité du bassin : Il sert de zone de décantation. L'eau polluée arrive dans le bassin et "se calme". Les boues toxiques et les métaux lourds tombent au fond, les huiles flottent en surface et sont bloquées. L'eau qui ressort du bassin vers la rivière est ainsi débarrassée du plus gros de sa pollution.

Les matériaux face au temps : Vulnérabilités et pathologies

La durée de vie d'un ouvrage de stockage dépend de la résistance de ses matériaux face à l'eau, au climat et aux contraintes mécaniques. Voici les trois principales familles de matériaux rencontrées dans les bassins techniques et leurs points de fragilité spécifiques.

Les ouvrages en terre (remblais et digues)

C'est le matériau historique des retenues collinaires. Bien que robuste, la terre est un matériau "vivant" sensible à l'eau qu'elle retient.

  • L'érosion interne (Le risque invisible) : L'eau s'infiltre dans le corps de la digue et entraîne les particules fines. Cela crée des galeries souterraines (fontis) qui peuvent provoquer l'effondrement subit de l'ouvrage.

  • Le tassement différentiel : Avec le temps, le remblai se compacte. Si ce tassement n'est pas uniforme, il crée des dépressions sur la crête, augmentant le risque de surverse (débordement) lors des crues.

  • L'intrusion végétale : Les racines des arbres, en cherchant l'eau, perforent la digue. Lorsqu'elles pourrissent, elles laissent des conduits vides favorisant les fuites.

Les ouvrages en béton (génie civil)

Utilisé pour les déversoirs, les têtes de sécurité ou les bassins industriels. Le béton armé semble éternel, mais il est vulnérable chimiquement.

  • La carbonatation et corrosion des aciers : Avec le temps, le béton perd son alcalinité protectrice. L'humidité atteint alors les armatures métalliques (ferraillage). En rouillant, l'acier gonfle et fait éclater le béton (épaufrure).

  • La lixiviation : Les eaux très pures (eau de pluie) ou acides attaquent la pâte de ciment, rendant la surface du béton poreuse et friable.

  • La fissuration structurelle : Due aux mouvements de terrain ou aux chocs thermiques (gel/dégel), elle ouvre la porte aux infiltrations.

Les géomembranes (étanchéité artificielle)

Très fréquentes pour les bassins d'irrigation (bâches noires en PEHD, PVC ou EPDM). Elles garantissent l'étanchéité lorsque le sol est perméable, mais elles sont fragiles.

  • Le poinçonnement : Le poids de l'eau plaque la bâche contre le sol. Si le lit de pose contient des cailloux anguleux, la membrane se perce.

  • Le vieillissement UV : Malgré les traitements, l'exposition prolongée au soleil (notamment sur les berges lors des marnages) rend le plastique cassant ("craquelures").

  • Les défauts de Soudure : Les jonctions entre les lés sont les points faibles. Une soudure qui lâche crée une fuite difficile à localiser sous des milliers de mètres cubes d'eau.

  • Le soulèvement : Si du gaz (méthane) ou de l'eau s'accumule sous la membrane, celle-ci se soulève et forme des "baleines" (bulles géantes) qui peuvent déchirer le dispositif.


Assurer la pérennité de vos ouvrages

Une bonne connaissance de l'état réel de vos bassins est essentielle pour garantir leur exploitation, respecter les contraintes réglementaires et éviter les pollutions accidentelles. Cependant, les méthodes de contrôle traditionnelles impliquent souvent des contraintes lourdes (vidange, arrêt d'activité).

Il existe aujourd'hui des méthodes permettant d'inspecter, surveiller et nettoyer ces actifs sans perturber leur fonctionnement.