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L'histoire complète des sous-marins, des rêves d'Inventeurs aux drones autonomes

Le sous-marin de sa création à aujourd'hui
26 décembre 2025 par
L'histoire complète des sous-marins, des rêves d'Inventeurs aux drones autonomes
Laurent LATOUR

Des rêves d'immersion à la dissuasion nucléaire

Comme pour beaucoup de passionnés de la mer, ma fascination pour les abysses est née au fil des pages de Jules Verne. Le Nautilus, ce léviathan d'acier commandé par l'énigmatique Capitaine Nemo, a marqué mon enfance au fer rouge. Il ne représentait pas seulement un navire fantastique dans Vingt Mille Lieues sous les mers ; il incarnait la promesse qu'un jour, l'homme pourrait s'affranchir de la surface pour percer les secrets du monde du silence. C'est cette même soif de découverte, cette envie viscérale de poser les yeux sur des éléments inexplorés et invisibles depuis la rive, qui m'a guidé, des années plus tard, vers la technologie des drones aquatiques.

Mais si le drone incarne aujourd'hui l'agilité et l'accessibilité de cette exploration, il est l'héritier d'une histoire bien plus lourde et complexe. Le sous-marin représente bien plus qu'une prouesse d'ingénierie ; il est le fruit d'une quête humaine acharnée pour surmonter les contraintes physiques, la dépendance à l'air, la pression écrasante et l'obscurité, afin d'atteindre la furtivité et l'autonomie stratégique ultimes.

Depuis les premières visions chimériques de l'Antiquité jusqu'aux colosses de la dissuasion nucléaire, son histoire est une épopée de ruptures technologiques. Cet article retrace cette odyssée chronologique pour comprendre comment nous sommes passés du rêve de Verne à la réalité redoutable des guerres mondiales, et comment ces avancées ont pavé la voie aux outils d'exploration moderne que nous utilisons aujourd'hui.


Quels furent les premiers rêves de navigation sous-marine ? L'ère des pionniers et des concepts visionnaires

Contexte et importance stratégique

Bien avant que la technologie ne le permette, l'idée de la navigation sous-marine a profondément fasciné l'humanité. Cette ambition ancestrale était nourrie par un double désir : la quête de connaissance et la recherche d'un avantage militaire absolu. 

La capacité de se déplacer sous la surface offrait une promesse de discrétion totale, permettant d'explorer, de ravitailler des places assiégées ou de surprendre un ennemi sans être détecté. L'exemple le plus archétypal de cette fascination, bien qu'il relève du mythe, est celui d'Alexandre le Grand qui, en 332 av. J.-C., serait descendu sous les flots dans une cloche de plongée pour observer les fonds marins. 

Cloche de plongée Alexandre le Grand

Ce récit, popularisé au Moyen Âge et largement embelli, illustre parfaitement l'attrait immémorial pour un monde subaquatique alors inaccessible, un domaine où la furtivité pouvait devenir la clé de la victoire ou de la découverte.

Analyse des premiers concepts

Les esprits les plus brillants de la Renaissance ont repris ce rêve antique pour le traduire en concepts techniques.

Le génie universel Léonard de Vinci a exploré cette idée dans ses carnets, faisant référence à un navire sous-marin qu'il avait conçu mais dont il choisit délibérément de ne pas divulguer les détails, conscient du potentiel destructeur de son invention. Il écrivit à ce sujet, avec une préoccupation prophétique :

« [...] et je ne publie ni ne divulgue [ma méthode] en raison de la nature malveillante des hommes, qui pratiqueraient des assassinats au fond des mers, en cassant les navires dans leurs parties les plus basses et en les coulant avec les équipages qui s'y trouvent. » 

Cette retenue éthique souligne à quel point, dès sa conception, le sous-marin était perçu comme une arme de rupture, capable de bouleverser les règles du combat naval.

C'est à l'inventeur anglais William Bourne que l'on doit le premier plan théorique crédible pour un submersible. 

Dans son ouvrage Inventions or Devises, publié en 1578, il décrit un mécanisme fonctionnel pour un navire en bois gainé de cuir. Sa véritable percée conceptuelle fut de passer de l'idée d'une boîte scellée à celle d'un véhicule dynamique capable de gérer activement sa flottabilité. Il imaginait des ballasts en cuir, connectés à l'extérieur, qui pouvaient être comprimés par des presses à vis pour expulser l'eau, allégeant l'embarcation et la faisant remonter. 

Mecanisme fonctionelle William Bourne

En relâchant la pression, l'eau remplirait à nouveau les ballasts, permettant l'immersion. Bien qu'il n'ait jamais été construit, le projet de Bourne représentait un saut intellectuel majeur : il établissait le principe fondamental de la gestion active de la flottabilité, qui est au cœur de tous les sous-marins depuis lors.Ces concepts pionniers, bien que restés sur le papier, ont jeté les bases intellectuelles indispensables à la prochaine étape : la transformation de la théorie en une réalité tangible au cours du XVIIe siècle.


L'ère des pionniers : Comment les premiers submersibles sont-ils passés de la théorie à la réalité ?

Contexte et importance stratégique

La transition de la théorie à la pratique aux XVIIe et XVIIIe siècles fut un véritable acte de naissance pour l'ingénierie sous-marine. Les pionniers de cette époque se heurtèrent à des défis techniques monumentaux qui semblaient presque insurmontables. 

Le premier obstacle était la propulsion : comment avancer sous l'eau sans la force du vent ou des courants ?

Le deuxième était l'étanchéité : comment construire une coque capable de résister à la pression de l'eau tout en restant parfaitement hermétique ?

Enfin, le plus vital des problèmes était le renouvellement de l'air : comment permettre à un équipage de survivre dans un espace clos et confiné, privé d'oxygène ?

Résoudre ces énigmes nécessitait une ingéniosité et une audace exceptionnelles. Cette période fut donc cruciale, car chaque expérience, qu'elle soit un succès ou un échec tragique, a contribué à forger les connaissances fondamentales nécessaires à la conquête des profondeurs.

Les premièrs sous-marins

Le premier sous-marin véritablement fonctionnel fut démontré non pas pour la guerre, mais comme une merveille d'ingénierie sur la Tamise.

Entre 1620 et 1624, l'inventeur hollandais Cornelius Drebbel, sous le patronage du roi Jacques Ier d'Angleterre, a réalisé plusieurs traversées sous-marines. Selon des témoins comme l'écrivain C. van der Woude et le scientifique Robert Boyle, son submersible, propulsé par douze rameurs, transporta des passagers de Westminster à Greenwich à quelques mètres de profondeur.

sous marin de Cornelius Drebbel

Le plus stupéfiant était sa capacité à rester immergé pendant plusieurs heures. Drebbel semblait avoir compris que l'air contenait une "Quintessence" (que nous nommons aujourd'hui oxygène) essentielle à la vie. Il aurait réussi à générer cet élément vital à bord en chauffant du salpêtre, une avancée technologique si précoce qu'elle reste une source de fascination et de débat pour les historiens des sciences.

Le potentiel militaire du submersible ne tarda pas à être exploré. 

En 1775, durant la guerre d'indépendance américaine, David Bushnell conçut le Turtle, le tout premier sous-marin pensé pour une mission d'attaque. Cet engin en forme d'œuf, opéré par un seul homme, se propulsait à l'aide d'hélices actionnées manuellement. Sa mission était de fixer une charge explosive sur un navire ennemi. 

premier sous marin turtle

Une attaque contre le navire amiral britannique, le HMS Eagle, aurait été tentée en septembre 1776, mais l'événement est fortement débattu par les historiens, notamment en raison de l'absence de registres britanniques le mentionnant. 

George Washington lui-même, tout en finançant le projet, resta sceptique quant à ses résultats, écrivant que l'inventeur "n'a jamais réussi". Il reconnut néanmoins la valeur intellectuelle de l'engin, le qualifiant d' "effort de génie". Le Turtle reste ainsi un jalon essentiel, prouvant la faisabilité du concept de l'attaque sous-marine furtive.

Le Nautilus de Fulton et les échecs

En 1800, l'ingénieur américain Robert Fulton présenta une avancée significative avec son Nautilus, construit pour le compte de Napoléon Bonaparte.

Le nautilus de Fulton

Long de 6,5 mètres, ce submersible était propulsé par une hélice à manivelle et pouvait rester en plongée près de 17 minutes. Lors d'essais, il démontra son efficacité redoutable en détruisant un sloop de 40 pieds à l'aide d'une mine. Malgré ce succès, les marines française et britannique rejetèrent l'invention, craignant une arme qui pourrait un jour menacer leur propre suprématie navale. La technologie restait de toute façon périlleuse. 

Le Brandtaucher de Wilhelm Bauer coula lors de ses essais en 1851, et le H. L. Hunley confédéré, bien que devenant le premier sous-marin à couler un navire ennemi en 1864, sombra à trois reprises, tuant 21 membres d'équipage. Ces échecs tragiques soulignaient les dangers immenses de cette nouvelle forme de navigation.

Malgré ces avancées, la propulsion humaine demeurait le goulot d'étranglement fondamental, limitant drastiquement la vitesse, l'autonomie et le potentiel militaire. La prochaine avancée décisive ne viendrait pas des inventeurs isolés, mais des puissants moteurs nés de la Révolution industrielle.


La Révolution de la propulsion : Quel tournant technologique a marqué le XIXe siècle ?

Contexte et importance stratégique

Le XIXe siècle a marqué un tournant décisif dans l'histoire du sous-marin, en le faisant passer du statut de curiosité expérimentale à celui de navire potentiellement viable sur le plan militaire.

La clé de cette transformation fut l'abandon de la propulsion humaine, intrinsèquement limitée, au profit de la puissance mécanique. Cette révolution a permis d'envisager des navires plus grands, plus rapides et dotés d'une autonomie bien supérieure.

Pour la première fois, un submersible pouvait espérer parcourir des distances significatives et manœuvrer avec suffisamment d'agilité pour devenir une véritable menace tactique. La recherche d'une source d'énergie fiable, capable de fonctionner sans air, est devenue le principal défi d'ingénierie de l'époque. La résolution de ce problème allait non seulement définir l'avenir du combat sous-marin mais aussi ouvrir la voie à des capacités jusqu'alors inimaginables.

De l'air comprimé à l'électricité

La première tentative pour s'affranchir de la force humaine fut l'utilisation de l'air comprimé.

Le Plongeur, lancé par la Marine nationale française en 1863, fut le premier sous-marin au monde doté d'une propulsion non-humaine. Ce navire de 42,5 mètres utilisait un moteur alimenté par des réservoirs d'air comprimé. Si l'innovation était majeure, le Plongeur souffrait de graves problèmes de stabilité qui le rendaient difficilement contrôlable.

le sous marin Plongeur

Une autre approche fut explorée par l'ingénieur espagnol Narcís Monturiol avec son Ictíneo II. En 1867, il fut propulsé par un moteur à vapeur alimenté par une réaction chimique à base de peroxyde, un système anaérobie précoce. Cependant, son coût exorbitant, équivalent à celui de deux frégates, entraîna l'abandon du projet. 

Ces premières tentatives montraient la voie, mais une solution plus efficace était nécessaire.

La véritable percée technologique vint avec la maîtrise de l'électricité, qui offrait une solution silencieuse et parfaitement adaptée à un environnement sans air. 

Le Gymnote français, lancé en 1888, est considéré comme le premier sous-marin militaire tout-électrique pleinement opérationnel. Long de 17 mètres, il démontra ses capacités lors d'essais en forçant un blocus simulé sans être détecté. 

le sous-marin Gymnote

La même année, l'Espagne lança le Peral, un autre pionnier électrique remarquable. Doté de torpilles et de systèmes préfigurant les designs futurs, il prouva la viabilité du sous-marin comme plateforme de combat moderne.

Ces navires ont résolu le problème de la propulsion en immersion, mais leur autonomie restait limitée par la capacité de leurs batteries.

L'innovation la plus structurante fut la double propulsion, combinant la puissance d'un moteur de surface avec la discrétion d'un moteur électrique.

Le sous-marin français Narval, conçu par Maxime Laubeuf et lancé en 1899, fut le pionnier de cette rupture. Il utilisait une machine à vapeur en surface pour naviguer et recharger ses batteries, et un moteur électrique en immersion. Le Narval introduisit également la double coque, augmentant sa navigabilité et son rayon d'action.

Le sous-marin Narval

Cette innovation a fondamentalement changé la stratégie navale en transformant le sous-marin d'une menace côtière à courte portée en un véritable navire océanique doté de persistance et d'allonge. Grâce à cette avance, en 1905, la France possédait plus de sous-marins que toutes les autres nations réunies.

Ces sous-marins, désormais matures et fiables, étaient prêts à démontrer leur potentiel dévastateur sur les théâtres d'opérations du premier grand conflit mondial du XXe siècle.


L'arme stratégique : Comment le sous-marin s'est-il imposé dans les guerres mondiales ?

Contexte et importance stratégique

Les deux guerres mondiales ont constitué le véritable baptême du feu pour le sous-marin, le propulsant du statut de nouvelle arme expérimentale à celui d'outil stratégique majeur. C'est au cours de ces conflits que son potentiel à influencer le cours de l'histoire a été pleinement réalisé. En menaçant les lignes de ravitaillement maritimes, artères vitales des empires et des nations en guerre, les submersibles ont démontré leur capacité à mener une guerre d'usure redoutable, capable d'étrangler une économie et de décider du sort des batailles terrestres à des milliers de kilomètres de distance. Le sous-marin n'était plus seulement un navire, mais une arme de blocus furtive, capable de semer la terreur et de dicter les termes de l'engagement naval à une échelle jusqu'alors inédite.

Analyse des conflits

La Première Guerre mondiale a été le théâtre de la première utilisation à grande échelle des sous-marins. 

Les U-Boote allemands, en particulier, se sont révélés être des prédateurs redoutables dans l'Atlantique. Ils ont mené une guerre de course acharnée contre le commerce allié, cherchant à couper les lignes de ravitaillement du Royaume-Uni. Bien qu'étant techniquement des "submersibles", leur capacité à plonger pour attaquer ou fuir en a fait une menace constante. L'efficacité de cette nouvelle arme fut brutalement démontrée en septembre 1914, lorsque le U-9 réussit l'exploit de couler trois croiseurs cuirassés britanniques en moins d'une heure, marquant un tournant dans la perception de la guerre navale.

U-Boote U-9

L'entre-deux-guerres fut une période d'intenses innovations. Des concepts audacieux comme les porte-avions sous-marins (HMS M2) virent le jour. Le plus emblématique fut le "croiseur sous-marin", incarné par le Surcouf français (1934). Avec 110 mètres de long et un hydravion embarqué, il représentait une tentative de faire du sous-marin un navire capital à part entière, capable de s'engager en surface.

Le sous-marin Surcouf

Cependant, cette vision s'est avérée être une impasse stratégique. Elle allait à l'encontre de la véritable force du sous-marin, la furtivité, qui fut bien mieux exploitée par la doctrine de guerre de course des U-Boote. Le Surcouf était une merveille technique, mais la véritable efficacité résidait dans la guerre d'attrition menée en secret.

La Seconde Guerre mondiale a vu le sous-marin jouer un rôle encore plus central. La seconde bataille de l'Atlantique a été dominée par les U-Boote allemands et leurs tactiques de "meutes de loups" (wolfpacks). Winston Churchill a lui-même écrit que la menace des U-Boote était la seule chose qui le faisait douter de la victoire finale. 

Dans le Pacifique, la situation était inversée : la campagne sous-marine américaine a été dévastatrice pour le Japon, coupant ses lignes d'approvisionnement et étranglant son économie de guerre. 

Les chiffres illustrent cette efficacité : durant le conflit, les sous-marins allemands ont coulé 14,3 millions de tonnes de navires alliés, tandis que leurs homologues américains en envoyaient 4,65 millions de tonnes par le fond côté japonais.

Le cas exceptionnel du Rubis

Parmi les héros de la guerre sous-marine, le sous-marin mouilleur de mines français Rubis occupe une place à part. 

Le sous-marin Rubis

Ralliant les Forces Navales Françaises Libres en 1940, ce navire a réalisé un palmarès exceptionnel. Contrairement aux sous-marins d'attaque, sa mission principale consistait à s'approcher furtivement des côtes ennemies pour y déposer des champs de mines, des pièges mortels pour les navires de passage. Opérant avec une discrétion absolue, le Rubis a réussi à couler plus de 22 navires ennemis au cours de ses missions, un bilan qui en fait l'un des navires les plus décorés et les plus efficaces de la marine française durant le conflit.

Son succès témoigne de la polyvalence et de l'impact stratégique que même des sous-marins spécialisés pouvaient avoir, en s'appuyant sur la furtivité plutôt que sur la confrontation directe.

La fin de la Seconde Guerre mondiale coïncida avec l'aube d'une nouvelle ère technologique. L'avènement de l'arme atomique allait une fois de plus redéfinir radicalement la nature et le rôle stratégique du sous-marin, le propulsant au cœur de la dissuasion planétaire.


L'âge nucléaire et la dissuasion : Comment la propulsion nucléaire a-t-elle tout changé ?

Contexte et importance stratégique

L'introduction de la propulsion nucléaire dans les années 1950 représente la révolution la plus profonde de l'histoire du sous-marin.

Jusqu'alors, tous les submersibles étaient des navires de surface capables de s'immerger pour des durées limitées. Le réacteur nucléaire a brisé cette contrainte fondamentale. En fournissant une source d'énergie quasi inépuisable et totalement indépendante de l'atmosphère, il a transformé le submersible en un véritable vaisseau des profondeurs. Cette autonomie sans précédent a permis au sous-marin de passer du statut d'arme tactique, conçue pour la destruction d'autres navires (interdiction de zone), à celui d'arme stratégique, un pilier de la puissance géopolitique capable de garantir l'équilibre des forces mondiales. 

Pour la première fois, le sous-marin était véritablement libéré de la surface.

La révolution nucléaire

Le lancement du premier sous-marin à propulsion nucléaire, l'USS Nautilus, en 1954, a ouvert ce nouveau chapitre de l'histoire navale.

Le sous-marin USS Nautilus

Ce navire a immédiatement démontré ses capacités hors normes. En 1958, il a accompli un voyage historique en naviguant sous la calotte glaciaire de l'Arctique pour atteindre le pôle Nord, un exploit jusqu'alors impossible. La propulsion nucléaire, couplée à des systèmes capables d'extraire l'oxygène de l'eau de mer, a rendu l'autonomie en plongée quasi illimitée. Désormais, le facteur qui dictait la durée d'une mission n'était plus le carburant ou la capacité des batteries, mais la quantité de vivres embarqués et le moral de l'équipage.

Le sous-marin n'avait plus besoin de faire surface, devenant un prédateur parfaitement adapté à son environnement abyssal.

Le sous-marin dans la Guerre Froide

Pendant la Guerre Froide, le sous-marin nucléaire est devenu un pion essentiel sur l'échiquier mondial.

Les océans se sont transformés en un théâtre d'opérations silencieux où les flottes américaine et soviétique se livraient à d'intenses "jeux du chat et de la souris".

C'est également à cette époque qu'a émergé le type de sous-marin le plus puissant jamais créé : le Sous-marin Nucléaire Lanceur d'Engins (SNLE). Plateforme de dissuasion ultime, le SNLE est capable de lancer des missiles balistiques à tête nucléaire depuis n'importe quel point des océans, garantissant une capacité de seconde frappe en cas d'attaque. Cette invulnérabilité a fait de lui un pilier de l'équilibre de la terreur. Les tensions et les risques de cette époque sont attestés par les pertes de plusieurs sous-marins des deux camps, comme les soviétiques K-129 et Komsomolets, et les américains USS Thresher et USS Scorpion.

Bien que la propulsion nucléaire domine désormais le segment des sous-marins stratégiques, d'importantes innovations continuent d'améliorer les performances des sous-marins conventionnels, les rendant plus furtifs et plus endurants que jamais.


Les sous-marins du XXIe Siècle : Quelles sont les technologies et missions d'aujourd'hui ?

Contexte et importance stratégique

À l'aube du XXIe siècle, la technologie sous-marine continue de repousser les limites de la furtivité et de la polyvalence.

L'objectif ultime est de créer un navire quasi indétectable, dont les signatures acoustique et thermique se fondent dans le bruit de fond de l'océan. Cette quête de la discrétion est le principal moteur de l'innovation. Parallèlement, les missions se sont diversifiées. Au-delà de la confrontation navale et de la dissuasion nucléaire, les sous-marins modernes sont des plateformes multi-rôles capables de mener des frappes contre des cibles terrestres, de recueillir du renseignement ou de déployer des forces spéciales.

Ils sont plus que jamais à la pointe de la technologie navale, combinant puissance de feu, endurance et discrétion.

Les technologies contemporaines

Une des avancées majeures pour les sous-marins non-nucléaires est la propulsion anaérobie (AIP), de l'anglais Air-Independent Propulsion.

Cette technologie permet aux sous-marins conventionnels (SSK) d'augmenter leur autonomie en plongée de quelques jours à plusieurs semaines, sans dépendre du nucléaire.

Différents systèmes existent, comme les piles à combustible des Type 212 allemands ou les turbines à vapeur à éthanol de la classe Scorpène française. L'avantage principal de l'AIP est son silence. Dépourvu des bruits d'un réacteur nucléaire, un sous-marin AIP est l'un des navires les plus silencieux jamais construits. Cette technologie confère aux marines non-nucléaires un puissant avantage asymétrique, permettant à des sous-marins moins coûteux de constituer une menace significative pour des flottes nucléaires, notamment dans les eaux littorales (côtières).

Les sous-marins modernes se déclinent en plusieurs catégories aux capacités distinctes. 

Les SNA (Sous-marins Nucléaires d'Attaque) sont les chasseurs des flottes, conçus pour traquer et détruire les navires et sous-marins ennemis.

Les SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d'Engins) constituent le pilier de la dissuasion nucléaire. 

Enfin, les SSK (sous-marins d'attaque conventionnels), souvent dotés de systèmes AIP, excellent dans les missions littorales.

Tous partagent une grande polyvalence, capables de lancer un arsenal varié : des torpilles lourdes, des missiles anti-navires tirés sous la mer, et de plus en plus, des missiles de croisière pour frapper des objectifs à des centaines de kilomètres à l'intérieur des terres. Ils peuvent également déployer discrètement des commandos des forces spéciales.

Cette évolution constante démontre que, des siècles après les premières esquisses, le sous-marin reste à la pointe de la technologie et de la stratégie navales, un acteur incontournable des profondeurs.


Un héritage pofond et un avenir furtif

Le tragique destin de la Minerve (S647) et la révolution des recherches

L'histoire de la Minerve (S647) incarne à elle seule la dangerosité de la conquête des profondeurs et l'apport crucial des technologies modernes d'exploration.

Ce sous-marin d'attaque de la classe Daphné, fleuron de la technologie française des années 60, a disparu corps et biens le 27 janvier 1968 au large de Toulon, emportant avec lui 52 marins lors d'un exercice par gros temps. Pendant plus de cinquante ans, ce naufrage est resté un mystère douloureux, les premières campagnes de recherches (1968-1970) s'étant révélées infructueuses face à l'immensité des fonds marins. 

Le sous-marin La Minverve

Ce n'est qu'en juillet 2019, grâce à la persévérance des familles et à l'emploi de moyens de pointe notamment le navire Seabed Constructor équipé de drones et de ROV capables d'opérer à de très grandes profondeurs que l'épave a été localisée par 2 335 mètres de fond.

L'analyse visuelle de la carcasse disloquée a permis d'écarter la thèse de l'avarie de barre au profit d'une voie d'eau brutale, probablement due à un choc ou une défaillance du schnorchel, entraînant une implosion instantanée. 

La redécouverte de la Minerve souligne tragiquement mais brillamment comment la robotique subaquatique permet aujourd'hui de clore des chapitres historiques et d'offrir des sépultures décentes là où l'homme ne peut se rendre.


Le ROV : digne héritier du sous-marin

La prochaine frontière de la guerre subaquatique est celle des drones sous-marins, ou ROV (Remotely Operated Vehicle).

Si le sous-marin nucléaire est l'apogée de l'ère habitée, ces engins autonomes ou téléopérés marquent l'aboutissement d'une quête de 400 ans. Ils représentent la résolution ultime du défi central auquel chaque inventeur, de Drebbel à l'amiral Rickover, a été confronté : extraire l'élément humain, vulnérable, de l'environnement hostile des profondeurs. Leurs applications civiles actuelles, inspection de cuves industrielles, de bassins techniques ou exploration d'épaves, préfigurent leur potentiel militaire. 

Leurs avantages stratégiques sont immenses : ils fournissent des diagnostics de haute précision grâce à la vidéo HD et peuvent opérer sans interruption, bien au-delà des limites humaines. Surtout, ils éliminent le risque humain en espace confiné.

Projetées dans le domaine militaire, ces capacités ouvrent la voie à des missions de renseignement, de déminage ou d'attaque, réalisant enfin le rêve de la persistance et de la furtivité parfaites, et marquant potentiellement la fin de l'ère des grands sous-marins habités.


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